Les petites subventions

Avant-hier, j'ai suivi un colloque à Lisbonne où j'ai été amené à discuter d'économie avec quelques collègues. Oui, d'économie. Ce n'est sans doute pas le meilleur sujet à aborder avec des gens dont on ne connaît pas les convictions, mais toujours est-il que c'est ce sujet-là qui est tombé. Evidemment, la conversation est vite devenue stupide et pleine de poncifs plus ou moins justes, mais j'ai surtout été surpris de m'apercevoir durant cette discussion que pas mal de personnes encourageaient les subventions du gouvernement. Et là, je dois dire que je n'ai pu m'empêcher de monter le ton. Parce que c'est le genre de choses qui me restent en travers de la gorge. D'après moi, cette ingérence de l'Etat est fatale pour la santé de notre économie, et contribue pour beaucoup au marasme actuel. Les autorités veulent continuellement booster la croissance, notamment quand l'économie est dans le creux de la vague. Mais cela ne veut en aucun cas dire qu'elles en ont les compétences et la légitimité. Les défenseurs de ce genre de pratique prétendent qu'il est naturel que les autorités agissent à la place de la population, et déboursent de l'argent (beaucoup d'argent) pour gonfler l’économie. Oui, mais les individus qui cautionnent cette façon de faire devraient vraiment se poser cette question : pourquoi les autorités seraient-elles plus à même que la population à déterminer à quoi doivent être assignées les finances ? Doit-on par exemple dédier plus d’argent au nucléaire ou à la sécurité ? À une meilleure recherche ou à la baisse du chômage ? À aider les éleveurs ou à améliorer le réseau de transport ? Pourquoi les politiques seraient-ils mieux placés pour accomplir les choix les plus judicieux ? Et c'est d'autant plus vrai que nos élites vivent le plus souvent dans les hautes sphères, et méconnaissent totalement le quotidien de la population ! Le libre marché a donc à mon sens bien plus de cartes en main pour désigner les gagnants de demain, et l'intervention des autorités ne peut donc qu'être néfaste en la matière. Sinon, j'ai été séduit par ce colloque. Le timing était magnifique, et c'est assez rarissime pour être signalé. Je vous mets un lien vers l'agence qui l'a organisé, si vous avez à en faire un. A lire sur le site de In Lisbonne.