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Paul parle de politique
26 février 2019

Les défaites de le Pen

«C’est pas grave. On a cinq ans pour convaincre les 15 % de crétins qui n’ont pas voté pour nous ! » Axel Loustau, élu au conseil régional d’Ile-de-France, ami intime de Marine Le Pen et ancien du GUD (un syndicat étudiant d’extrême droite), a bien du mal à masquer sa déception, voire son exaspération. Il est 20 heures et les résultats viennent de tomber sur les écrans de télévision disséminés dans les salons huppés du Chalet du lac, un petit pavillon niché dans le bois de Vincennes (Paris XIIe). Rien à voir avec le soulagement qui avait accueilli la qualification de la candidate pour le second tour il y a deux semaines à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). Lorsque le score de leur championne apparaît à l’écran (33,94 %), les visages des frontistes se crispent. Les yeux rivés à l’écran, Gilbert Collard, député du Gard sous l’étiquette Rassemblement Bleu Marine, reste coi. Comme lui, ils sont quelques centaines, plutôt chics, vêtus de robes ou de costumes élégants, à participer à cette soirée sous (très) haute surveillance. Franck Riester a également été administrateur de l'INA (Institut national de l'audiovisuel) de 2013 à 2017, et de la chaîne LCP de 2008 à 2017. Il était également un membre de la commission des affaires culturelles à l'Assemblée Nationale. Orange, deux poids lourds de la télévision payante, à la filière cinéma. Le compromis prévoit leur prolongation jusqu'en 2021, avec des termes inchangés. L’Union des producteurs de cinéma (UPC) s’est en tout cas réjouie dans un communiqué de la nomination de Franck Riester en tant que Ministre de la Culture. «Sa connaissance approfondie des enjeux auxquels est confronté le monde de la culture, notamment l’audiovisuel, ainsi que son engagement constant en faveur de la création dans notre pays et en Europe, seront précieux.», explique le texte. Les cinéastes de l’ARP (auteurs réalisateurs producteurs) sont également satisfaits de sa nomination. «Sa fine connaissance des industries culturelles sera essentielle, à l’approche d’une loi audiovisuelle importante, qui devra notamment refonder notre régulation à l’ère numérique», peut-on lire dans le communiqué. Troisième chantier important : la création d’un Centre national de la musique. À chaque remaniement, Franck Riester annoncé (déjà) au ministère de la Culture finissait par ne plus y croire. Toujours annoncé, jamais nommé, le député de Seine-et-Marne avait choisi d'en rire. Ces derniers jours néanmoins, le président du parti «Agir, la droite constructive», qui rassemble les ex-LR Macron-compatibles, sentait le vent tourner favorablement. Au point de ne plus vouloir parler de peur que cette nomination échoue encore. Ce 16 octobre, la nomination a donc été officiellement communiquée par l'Élysée: Franck Riester devient ministre de la Culture et de la Communication, en remplacement de Françoise Nyssen. Depuis des années, il s'était spécialisé sur les questions de la communication et de l'audiovisuel au sein de son ancien parti. Rapporteur des projets de loi Hadopi 1 et 2 sur la propriété intellectuelle, secrétaire national à la communication, il s'était récemment prononcé en faveur d'une «BBC à la française, plurimédias et indépendante du pouvoir». Défenseur d'une «droite libérale, sociale, réformatrice, humaniste et résolument pro-européenne», Franck Riester dénonçait sévèrement «l'opposition stérile» des Républicains et préférait, indiquait-il, accompagner les réformes du gouvernement allant dans le bon sens. Deux élections, deux poids, deux mesures ? C’est avec une position comparable que le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères avait accueilli les résultats des dernières présidentielles vénézuélienne et congolaise. Pour la ministre des Affaires européennes Nathalie Loiseau, la victoire de Nicolás Maduro était « une farce ». Pour son collègue des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, les résultats des élections en RDC ne semblaient pas « conformes aux résultats » que l’on avait « pu constater ici ou là ». 4 février 2019. Matinale de la radio publique France Inter. Un auditeur souligne que Jean-Yves Le Drian ne reconnaît plus la légitimité de Maduro, alors qu’il valide celle de Tshisekedi. Pour le chef de la diplomatie française, l’investiture de Félix Tshisekedi serait acceptable en tant que fruit d’une « espèce de compromis à l’africaine » dont la configuration serait « très particulière et propre » à la RDC. Peut-on parler de compromis lorsque l’arrangement a été conclu sans Martin Fayulu, celui-là même que Jean-Yves Le Drian considérait, il y a moins d’un mois, comme « a priori le leader sortant de ces élections » ? De manière plus globale, l’expression « à l’africaine » permettrait-elle de distinguer les valeurs démocratiques universelles des aménagements démocratiques tropicalisés sur un continent de moindre enjeu ? Si la négation de certaines particularités culturelles de l’Afrique est une insulte faite au continent, renvoyer ce dernier à de prétendues spécificités, en matière de choix populaires des destins politiques, n’est pas une marque de bienveillance. C’est aussi une injure.

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