Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Paul parle de politique
18 juin 2018

Taiwan

Le voyageur taiwanais est le ressortissant d’un Etat plus que non reconnu : dé-reconnu au profit de la République populaire de Chine (RPC). La couverture de son passeport renvoie à une trajectoire historique brisée et en partie révolue. Dans la partie supérieure figure en bilingue le nom officiel de l’Etat « ???? REPUBLIC OF CHINA », dans la partie inférieure la mention « ?? PASSPORT » avec, au milieu, l’emblème national – un soleil à douze pointes – dérivé de celui du Parti nationaliste (le Guomindang). Et l’ajout, à partir de 2003, au-dessous de l’emblème, de la mention « TAIWAN », en caractères romains exclusivement, vient suggérer que cette République de Chine n’est peut-être pas la Chine. Fondée en 1912 après la chute de l’Empire, la République de Chine a été gouvernée à partir de 1927 par le Guomindang qui, défait par les communistes en 1949, a replié son régime sur l’île de Taiwan. Bien qu’il ait perdu toute juridiction effective sur le continent, ce régime a continué de représenter la Chine sur la scène internationale, au niveau bilatéral comme au niveau multilatéral, en raison des impératifs de la guerre froide. Néanmoins, à partir de 1971, la République de Chine a progressivement été dé-reconnue au profit de la République populaire de Chine : la première a été exclue en 1971 de l’ONU et de toutes ses institutions spécialisées, fonds et programmes, et contrainte de rompre ses relations diplomatiques et consulaires avec la quasi-totalité des chancelleries. En 2017, seuls 21 pays sans poids sur la scène internationale reconnaissent le régime de Taipei. Ainsi, il n’y a jamais eu coexistence, tant sur le plan bilatéral que multilatéral – aux Nations unies en particulier –, de deux Etats, mais substitution de l’un à l’autre, chacun étant considéré tour à tour comme le seul régime légitime représentant à la fois l’île et le continent. Pour autant, l’Etat insulaire demeure de facto indépendant, contrôlant ses frontières, conservant ses capacités de défense, émettant sa propre monnaie, et pleinement intégré dans les échanges internationaux. En outre, au début des années 1990, la République de Chine s’est « indigénisée » : à l’Etat-Guomindang policier a succédé un régime démocratique, représentatif de la seule population insulaire et protecteur des libertés publiques. Toutefois, le clivage partisan taiwanais reflète le statut international contesté de cet Etat, les deux principaux partis, le Guomindang et le DPP, défendant chacun le statu quo dans le détroit de Formose, mais sans exclure, à terme, une réunification avec une Chine démocratisée pour l’un, une indépendance de jure pour l’autre. Mais quel que soit le parti au pouvoir à Taiwan, les autorités chinoises n’ont pas renoncé à une réunification par la force, la modernisation de l’outil militaire chinois demeurant tout entière conçue autour de la question de Taiwan, même si des objectifs de plus en plus diversifiés sont assignés à l’Armée populaire de libération. Outre l’option militaire, Pékin exerce une pression constante, au sein des organisations internationales gouvernementales et non gouvernementales comme auprès de toutes les chancelleries, pour imposer, avec succès, le principe de l’unité de la Chine. Taiwan est donc l’Etat le moins reconnu, non seulement en termes relatifs par rapport à la Chine, mais aussi en termes absolus sur la scène internationale, tout en étant pleinement intégré dans les échanges internationaux

Publicité
Publicité
Commentaires
Paul parle de politique
Publicité
Archives
Publicité